11/10/2008

Hayvanlar Alemi / Gaga




















Mais qui es-tu Hayvanlar Alemi ? Pourquoi me regardes-tu avec autant d’aplomb ? J’ai tellement envie d’en savoir plus, il serait peut-être temps que tu mettes ton site en ligne, non ? Comment te décrire ?

Lové dans son nuage, là haut, Hayvanlar Alemi pratique une musique libre et sans contraintes. Se conformer à quoi, et pour qui ? A l’instar de formations comme Jackie-O-Motherfucker ou de Sunburned Hand of a Man, ils trempent leurs accords dans un psychédélisme débridé, tout en gardant une oreille attentive aux milles et un genres musicaux existants. Leur page myspace dévoile en vrac des influences improbables comme l’ ‘Aztec fusion’ ou le ‘Latin pseudo new age’. En plus d’avoir de l’humour, d’improviser comme des dieux et d’être des gens open-mind, nos compères sortent des disques à un rythme fou. Pour les découvrir, il vous suffit d’aller récupérer les mp3 sur last fm.

Bienvenue au centre d’intoxication mental dirigé par le docteur Ayahuasca --- asseyez-vous autour du feu, mon jeune assistant va vous administrer une décoction d’Hayvanlar Alemi. Ne craignez pas les visions, aussi réelles soient-elles ; le psychotrope commence à faire effet.

Qu’est ce que vous voyez ?

- un brahmane jouant de la cithare avec Clint Eastwood bourré au scotch. A moins que ce soit un soufi en rangers faisant un caps avec le punk du coin !!!!

Et voilà, je me prends pour Castaneda avec cette chronique pseudo mystique, regardez les dégâts du manque d’inspiration !!! En tous les cas cette vision résume assez bien Hayvanlar Alemi…

Une exécution remarquable – une identité musicale incomparable (grâce au mélange du folk, de la noise, du psyché, de l’improvisation et du rock)

> Si j’avais un label, je vous signerai tout de suite….



12/09/2008

Baba Zula / Roots (kokler) - Doublemoon Records (2007)



Baba Zula, ou l’art de faire toujours le même album. J’avoue avoir boudé « Roots » à sa sortie avec la désagréable impression d’avoir fait le tour de ce groupe ô combien magique. Ne sachant quoi écouter en cette après midi pluvieuse de septembre, je décide de lui donner une seconde chance. La formule n’a certes pas changé, mais j’ai le déclic.

Sans surprise donc, sauf que Baba signe là son album le plus intimiste. La configuration même du groupe s’en ressent, on s’est recentré sur la matrice : Murat, Levent et Coçar.

Fini les listes interminables de featuring !!!

En fait si, il reste une habituée des lieux : la chanteuse Brenna Mac Crimmon (l’amie de la famille) ainsi qu’un ingé son japonais Naoyuki Uchida qui s’est occupé d’eux sur la tournée asiatique.

En préambule, j’annonçais que Baba Zula sortait toujours le même album. C’est heureusement ou malheureusement, le piège quand on a inventé et initié un style aussi inimitable (regarde Motorhead !!!). Rappelons qu’en 1994, Zen (Baba Zula, ancienne mouture) succombait déjà sans retenue à l’appel du psychédélisme oriental, initié par Erkin Koray.

Aucune envie de vous décrire l’album « tracks by tracks », primo parce qu’il y a 29 morceaux et deuxio car je préfère vous inviter à lire mes chroniques précédentes. On retrouve sur Roots, tout ce qui nous avait plut auparavant : que ce soit les envolées lysergiques du saz ou les percus hypnotiques. Leur univers est toujours aussi bariolé (peut-être pas autant que la pochette), cependant la production de l’album mise d’avantage sur une intimité cotonneuse que sur l’exubérance d’autrefois. Baba Zula est retourné à ses premiers amours : l’improvisation. Comme à la vielle époque du Zen, le groupe se lâche. Oui mais voilà ils sont plus tout jeunes, et c’est pas facile de tenir des morceaux de 10 minutes avec de l’arthrose aux mains, les morceaux sont donc assez courts.

Beau retour pour nos papys préférés, Roots restera un album qui marque par sa simplicité et sa sincérité.

Idéal pour découvrir le groupe.

www.myspace.com/babazula




Erkin Koray / Elektronik Türküler (Damla - 1974)



Bienvenue aujourd'hui au cœur d'un évènement qui a bouleversé la Turquie, un tremblement de terre, que dis-je un ras de marée dans le paysage musical Turc. Depuis tout temps, des allumés du ciboulot viennent perturber l'ordre établi en affirmant par exemple que la terre est ronde ou que les hommes sont libres et égaux (ouai c'est dingue, hein!!!).

La musique serait-elle juste un passe temps, un média pour nous vider le cerveau après une harassante journée de boulot? Et bien non, pour certains : prendre sa guitare et chanter est un acte politique et culturel fort. On est bien loin des merdes servies par Univers sale et consorts...

Erkin Koray a posé la pierre fondatrice de la musique moderne turque. Sa musique, ses textes mais aussi son look se sont confrontés aux dogmes d'une société peu encline à ce genre de débordements. A l'époque, dans son pays, il fallait des « cojones » pour jouer de la musique de bab'

En effet le papy du rock psychédélique n'a pas à rougir de sa carrière. 35 ans après, avec plus d'une quinzaine d'albums sortis, Erkin n'a pas déchaussé ses santiags (comme Dick Rivers, non je déconne). Pour preuve, un concert vu à Istanbul, il y a deux ans...où des gens de tout âge s'étaient rassemblés pour applaudir l'apôtre du rock turc.

Elektronik türküler est le disque à posséder d'Erkin Koray. Et dire que j'ai failli passer à coté, car je sais pas si vous avez écouté les compiles du bonhomme, mais c'est Babylone!!! Le pire côtoie le meilleur. (Priez pour qu'il ne lâche pas le saz pour jouer du synthé en gros)

L'album commence avec une ballade dans la plus pure tradition anatolienne puis mute en épopée psyché à grand renfort de saz et de Moog. Une sonnerie de téléphone vient perturber l'écoute au deuxième morceau. Pourquoi? Pas de réponse, mais une magnifique attente téléphonique si vous voulez savoir!!! Après ce blues hypnotique, Erkin dérape dans la guimauve avec un troisième morceau en deça du reste de l'album. Et c'est reparti pour biberonner de l'acide dans les sombres ruelles d'Istanbul avec «Yalnizlar rihtimi», un tube radiophonique fortement influencé par les Beatles. La mélancolie gagne peu à peu l'album, la voix d'Erkin résonne avec nonchalance sur des mélodies de plus en plus sombres. Avant de clore l'album avec son meilleur morceau, Erkin rend hommage au dieu de la 6 cordes : Jimi Hendrix avec un un intermède («Inat») ébouriffant.

«Turku», retenez bien ce nom, il justifie à lui seul l'achat de cet opus. Il y a du religieux dans ce morceau, une émotion qu'on ne sait expliquer. Ça fait quinze fois que j'appuie sur Repeat, mais je n'y peut rien c'est tellement bon...

Laissons Erkin clore cette chronique par ces mots « I will not leave music until music leaves me »

http://www.myspace.com/erkinbaba

23/08/2008

S.O.S / Smadj (doublemoon - 2005)



Un mec d’expérience le Smadj : entré à 15 ans dans une Jazz school, il a fait un sacré bout de chemin depuis. Sa passion dévorante pour la 6 cordes ne l’a jamais lâché, l’entraînant dans des univers musicaux iconoclastes. Cet artiste tunisien a trouvé en Turquie un terreau fertile pour son art, la terre promise pour ses travaux. Il a rejoint le fameux groupe DuOuD en 2002, première mise en orbite et consécration pour Smadj. Ils recevront d’ailleurs le fameux BBC World music awards. Un an plus tard, on retrouve notre Jean-Pierre aux cotés de Burhan Öçal & The Trakya All Stars pour un album excellent. [mémo : penser à faire une chronique de ce skeud]. Enfin la liste s’allonge et si vous voulez en savoir plus, Google est votre ami…

Pour l’album dont je vais vous parler : S.O.S, Smadj s’est paré de son plus beau oud, il a sorti les cahouetes, les olives, le raki et a convié deux potos turcs, des pointures en leur domaine : Savas Zurnaci le clarinettiste et Orhan Osman au bouzouki. On comprend alors mieux le titre : chacun sa lettre…comme ça pas de jaloux.

Pourquoi un Sos effectivement, aucune urgence !!!

Ces trois là savent très bien ce qu’ils font, laissez les tranquilles, ils n’ont pas besoin d’être sauvé, c’est dingue ça !!!

L’improvisation comme seconde nature, pas grand-chose d’écrit ici. La musique s’écrit d’une impulsion, le disque se compose d’un clin d’œil.

On ressent de la joie à l’écoute de S.O.S, attention c’est pas cul cul la praline, faut pas déconner les ¾ de ma discothèque sentent le souffre et la pourriture. Au contraire !!! On ressent de l’harmonie et un plaisir de jouer naturel malheureusement trop rare dans le monde de l’impro aujourd’hui.

Smadj n’est pas seulement un excellent guitariste et un improvisateur hors pair, ça serait trop simple. Non monsieur vit avec son temps, il aime aussi la production et bidouiller des boucles électro. On ne peut d’ailleurs que saluer le travail qu’il a fourni ici. Ce mariage entre tradition et musique moderne touche du doigt la perfection sur le morceau « rumba », avec cette rythmique quasi jungle, cette mélodie typique à chialer et cette mélopée qui me fait penser au phrasé des joueurs de tabla.

Le reste de l’album respire toujours plus ou moins entre musique classique turque et jazz moderne. Dommage que pas plus de morceaux soient dans la veine de « rumba », l’ennui pointe le bout de sa trogne mais jamais ne reste. On retiendra aussi « Asma-Grapevine », autre moment fort de S.O.S où Smadj fait une excursion en pays gitan.

Album captivant. Attendons la suite !!!

http://www.myspace.com/jeanpierresmadj

26/06/2008

Head on / Fatih Akin



Gegen die Wand (Head on)

Réalisé par Fatih Akin en 2004



Distribution :

Sibel Kekilli : Sibel

Birol Ünel : Cahit

Catrin Striebeck : Maren

Guven Kirac : Seref




A force de parler de musique, j’en oublierais même de vous raconter mes émois cinématographiques. J’ai déjà parlé de Mr Fatih Akin, ce réalisateur d’origine turc vivant à Berlin. Crossing the bridge avait révélé au monde la magie du rock anatolien et avait déclenché chez votre hôte une excitation musicale indécente. Après une journée de boulot exténuante en mode cuisson à l’étouffée, me voila parti à emprunter un DVD uniquement pour sa couverture. Et ouai, une jeune mariée au bras d’un mec hirsute avec une gueule de rocker alcoolo, moi ça me parle !!!

Résumé :

La jeune Sibel habite en Allemagne à Hambourg, elle vit une existence morne sans saveur, cadenassée par le poids des traditions. Pour fuir le carcan familial et échapper au pouvoir destructeur de ses frères, elle feint une tentative de suicide. Alors en convalescence, elle se rend vite compte qu’au contraire sa situation a empiré, cet acte personnel est vécu comme un déshonneur pour sa famille. Pour gagner sa liberté, Sibel propose un marché risqué à un homme rencontré à l’hôpital : un mariage blanc. En lutte contre ses démons (alcool, drogues, délinquance), Cahit accepte à contrecœur cette union, par pitié peut-être. La jeune femme alors émancipée entend profiter de sa liberté, c'est-à-dire expérimenter des interdits comme avoir différents partenaires sexuels, se droguer et boire.



Avis :

Fatih Akin est un réalisateur germano-turc, Head On est son troisième film, mais le premier à être diffusé en France. Head-on, dixit le réalisateur est un film d’amour, voilà une conception du genre singulière.

Certaines personnes ne devraient jamais se rencontrer, l’amour et la frustration rongent les individus et fomentent des tragédies. Car inévitablement le mariage commence à s’effriter, on assiste alors à la lente descente aux enfers pour Sibel, avec en arrière plan la ville d’Istanbul, comme on l’a jamais vu : sombre, malade et impitoyable. Fatih Akin n’hésite pas à filmer des scènes d’une violence explicite, l’image illustre avec réalisme les destins cassés des deux protagonistes.


Le jeu d’acteur est époustouflant, Birol Ünel colle totalement au rôle de marginal déglingué, faut dire il a la tronche de l’emploi. La grosse surprise vient de Sibel Kekilli (ancienne actrice porno), il est surprenant de voir qu’elle a tout simplement été repérée par Fatih Akin dans un centre commercial de Cologne. Pour son premier vrai rôle, elle interprète avec justesse et sensibilité le personnage du film, ce qui lui vaudra le Lola (oscar teuton) de la meilleure actrice en 2004.

Comme chaque fois avec Fatih Akin, la bande son est exceptionnelle. D’un coté les eighties avec Birthday Party, Depeche Mode ou Sisters of Mercy et de l'autre coté le bon son made in Turkey : Selim Sesler, Sultana ou Orientation.

Head On met en image le choc culturel germano-turc, la détresse d’une partie de sa jeunesse. Ce film coup de poing laisse des traces, à voir absolument !





















19/05/2008

Mercan Dede / 800 (Doublemoon - 2007)



Oyé, oyé, avis à la population.


Nous recherchons un jeune homme qui s'appelle Mercan Dede. Il est turco-canadien, il joue du ney, et point important : c'est un soufi convaincu qui savait à l'époque fusionner comme personne cette musique sacrée à la musique électronique.
Déjà 2 ou 3 ans qu'il a disparu. Oh oui on a bien eu le fadasse "Nefes", je m'étais dit, c'est un accident de parcours, ça arrive même aux plus grands…attendons le prochain album !!!


Doublemoon nous annonce en 2007 la sortie de "800"!!! sur le papier, c'est alléchant!!!

Le nouveau Mercan Dede est dédié au huit centième anniversaire de la naissance du maître soufi Mawlana, enregistré avec des invités venus des quatre coins du monde et un artwork vraiment magnifique.

Mis à part quelques moments de grâce, comme ce premier morceau qui marie judicieusement, cet album s'adresse plutôt au bobo de base. Vous savez, celui qui reviendrait d'un voyage équitable (qui vaut la peau du cul) sur la côte turque et qui vous annoncerait fièrement qu'il a découvert un artiste soufi inconnu.
Que nenni...cherche pas à nous la faire petit gars.
T'étais tranquillement dans un bar lounge sur la plage, tu consultais le cours de tes actions sur ton Iphone en buvant une margarita. Et soudain DJ bobo met l'album de Mercan, t'en peux plus, tu peux pas résister à cette electro-lounge mystique, t'as l'impression de communier avec le grand tout. Et hop, t'as pas commandé ton dixième cocktail de la journée que tu es déjà sur la piste de danse en train de singer la danse soufie, la main droite en l'air, l'autre vers le sol, à moins que ce soit l'inverse...
tu t'en fous tu vérifieras sur Wikipédia à ton retour et tu concocteras un brunch "Alaturc" pour tes amis (du loft d'à coté) et tu parleras pendant des heures de ton illumination pour la philosophie soufie...et du disque génial que tu as découvert là haut.
(Raki et séance diapos offerts...Merci qui?)


J'avoue que ça m'emmerde de parler de cet album. Où est passée l'atmosphère opiacée des premiers opus?. "800" reste, à la limite un bon album de lounge, à mettre à coté des albums Buddha-Bar...moi, ça ne me parle plus, tant pis!!!

14/05/2008

Mustafa Özkent /Gençlik Ile Elele (Evren Rec. / Finders Keepers - 1973)



Bonjour mademoiselle!!!
Je vous connais, il me semble? Vous me remettez?
Non? oh, ce n'est pas grave, venez!!
Nous allons faire plus ample connaissance, donnez vous la peine d’entrer dans mon royaume!!!
Au menu : lit king size, lumière rouge tamisée, pilules bleues, boite de condom xxl et de la musique funky...oh year baby!!!!!!!!!
Vous commencez à voir où je veux en venir avec mes gros sabots, hein? Et oui on va parler d'une musique réservée au plus de 18 ans...(si tu as encore la voix qui mue, un duvet qui fait office de moustaches et des boutons plein la gueule, passe ton chemin jeune homme, et flagelle toi le dos avec des orties fraîches en hurlant : "j'ai pêché, j'expie!!" une bonne centaine de fois.).
Et ouai petit gars, on est pas là pour beurrer les tartines...ici on parle des rapports humains (de proximité), de la sensualité et ce qui donne un sens à notre vie misérable.

Le bon son anatolien se répand et fait ressortir à la surface ces petits bijoux, au grand dam de mon compte en banque...qui ne sait résister à une édition vinyl aussi luxueuse...gatefold, disque noir 180 gr., édition limitée (quel geek!!!).
Que dure "l'anatolian invasion" et que vive le porno-funk-soul-jazz-turc!!!

Mustafa Özkent a commencé la musique en plein flower power, il faisait parti d'un groupe juvénile astucieusement nommé "The Teenagers". Il réalise cet album, à la demande du label Evren Records qui souhaitait expérimenter un nouveau procédé de l'époque, la stéréophonie (ouahouu!!!).

Soutenu par ses compagnons de joie, Mustafa balance la purée, si je puis dire...une délicieuse mixture de funk, de jazz et de pop 60's accouplé par moments aux arpèges de la musique turque. Alors oui, cette basse clinquante, cet orgue solennel mais funky et les mélodies sucrées de la guitare...on s'y croirait.
On a parfois l'impression d'écouter la bande son d'un film porno à la sauce anatolienne. Mais ça serait péché de présenter cet album uniquement sous cet aspect. Mustafa Özkent est un compositeur de talent, un formidable assembleur de sons...il fusionne différents styles en leur insufflant une énergie communicative redoutable.
Avis aux frustrés...procurez-vous vite cet album et devenez le Don Juan que vous avez toujours rêvé d'être. Et oui, c'est bientôt l'été, la testostérone suinte par tous les pores, c'est le retour des mini jupes, alors balance ta doudoune, passe un marcel et fait cracher tes enceintes (n'oublie pas d'inviter une tierce personne, sinon ça ne sert à rien!!!)
Pas la peine de me dire merci...par contre aucune réclamation ne sera acceptée, OK!!!

Voilà, bien à vous les puceaux.

31/03/2008

Ayyuka / Ayyuka (Voltaj-2007)



Comment passer à côté du groupe qui met Istanbul dans tous ces états ! Ayyuka a créé la surprise en 2007 avec cet album magistral, leur premier qui plus est ! La perfection atteinte dans cet opus n’est pas tombée du ciel. Ayyuka est un animal sauvage toujours en mouvement, en témoignent la sueur déployée et le bitume avalé tout au long de ces années.Le groupe a rodé ses morceaux dans de nombreuses salles du pays, notamment au Peyote.

Si tu cherches à te familiariser avec la nouvelle scène turque, pousse les portes de cette salle mythique. Ce CBGB's « alaturc », fomente les révolutions musicales de la scène stambouliote.

Après une cinquantaine d'écoutes au compteur, je me décide à chroniquer cette nouvelle sortie du sous label de Doublemoon : Voltaj.

Le nom du groupe signifie deux choses bien distinctes : un secret qui vient d'être révélé ou le point le plus haut dans le ciel. Du coup, je m'empare de cette particularité sémantique pour vous révéler ce secret qui illumine Istanbul et fait trembler le rock anatolien. Avant même d'avoir déposé le cd dans le lecteur, on est séduit par l'artwork rétro du digipack, ce visuel inverse à mon avis le tableau de Georges Méliès « Voyage dans la lune, en plein dans l’œil ».

Chez Ayyuka, l’éclectisme est un étendard, dressé avec fierté en haut du mat. Leur approche musicale navigue entre différents styles mais ne perd jamais de sa cohérence.

Bien que la force du groupe soit l'improvisation, cet album dévoile un travail de studio impressionnant, le son y est parfait, l'enchaînement des titres naturel et le chant savamment dosé. Rien n’a été laissé au hasard !!!

Le morceau « Toz Bulutu » est une longue montée répétitive et rageuse inspirée des ancêtres du post-punk comme The Wire. Sans crier gare, le propos s’assombrit et les guitares s’aiguisent avec les morceaux suivants!!!

Ayyuka, comme on l'a dit précédemment, a plusieurs visages. D'un coté celui du babos cramé à l'acide ne jurant que par le folk psychédélique, et de l’autre une figure plus sauvage et irrémédiablement plus dangereuse : peut-être celle d’un punk imbibé de bière se lançant dans un pogo endiablé et scandant des refrains de Fugazi.

« Aksi » marque un temps d’arrêt et nous offre un surprenant reggae lové dans des arpèges folk d’une tristesse cadavérique. Une fois la mélancolie installée, Ayyuka laisse ses influences 70's reprendre le dessus en agrémentant le morceau « azgin cengi » de mélodies toutes turques.

Le morceau suivant nous envoie un riff ravageur dans les cages à miels, « Aglama » est le tube de l’album, capable de retourner une salle en moins de deux.

Au fur et à mesure que s'égraine les morceaux, on ose prononcer ce rêve, les voir jouer en live face à un public chauffé à blanc. Passez par la France les gars, et je promets de vous trouver une date !

La queue de l’ouragan punk rock se finit avec « Dünya Hali », Ayyuka fait tomber le perfecto, et nous propose deux délicieuses ballades folk, « Ümitsiz ask » et « Unutursam ».

Le groupe nous emmène en voyage, le GPS paramétré sur l’Amérique du Sud, avec le génie créatif d’un Mars Volta sous Tranxen. Le morceau qui clôt le chapitre : "çaça" ne nous ressortira pas la tête de l'eau, bien au contraire, imagine-toi plutôt dans le désert seul, sans flotte, sans couvre-chef avec un sac de 50 kilos sur le dos!!!


A l’heure du revival rock, de ces groupes en « THE quelque chose » qui pillent les anciens et nous servent une musique prédigérée, comment ne pas être soufflé par ce groupe. Prouvant encore une fois, s’il était besoin le potentiel créatif exceptionnel du rock turc.

http://www.myspace.com/ayyuka

03/03/2008

Gevende / Ev (Baykus Music - 2006)




"Ev" signifie en turc la maison, le foyer, c'est à dire l'endroit où l'on se sent chez soi. Pour Gevende, le monde entier est "Ev". Cette philosophie de l'exil, Gevende l'a érigé en dogme, lors d'un périple en 2006, ils sont partis à la rencontre d'autres cultures et d'autres univers musicaux, ils se sont arrétés en Iran, en Inde, au Pakistan ou au Népal. Cet empirisme musical apparaît comme le marque de fabrique du groupe.
On est, en effet tout de suite frappé par la densité et l'effervescence émergant de ces neuf chansons. Nous ne sommes pas alors étonné, d'apprendre que pas moins de vingt deux musiciens ont collaboré à ce disque ...ce qui représente aussi une palette d'instruments considérable...de la trompette, du saxophone, du trombone, des tablas, du violoncelle, du didgeridoo mais aussi du piano, un tambour et de la flute, sans oublier les instruments plus classiques comme la guitare, le saz ou la batterie.
A la base, Gevende se compose d'un noyau dur de quatre persones. En laissant cette ouverture propice à l'improvisation, une oeuvre folle a jailli de ces rencontres...sans jamais perdre de sa cohérence.

Direction les balkans pour un premier morceau. Porté par les arabesques du violon, Gevende mélange les gammes de la musique turque au jeu gitan. Seul un break de tablas indiens vient interrompre un morceau qui n'aurait pas fait tache dans la bande originale de "Chat noir, chat blanc" (Kusturika). Un pied en roumanie et l'autre à Cuba, les trompettes de "Refik"se consument dans une salsa endiablée..portées par la complainte d'une gitane. Le troisème morceau "Nem" s'apparente beaucoup plus au jazz...le Ney (flute turque) accompagne à merveille les registres traditionnels de la musique turque...envoutants et mystérieux. Bande originale du film de leur périple, "Ev" est coloré de multiples sentiments : la mélancolie sur "Nayu", l'espoir sur "Okyanus Dügünü" ou bien la tristesse sur "Anonim". Ce même morceau est assez représentatif de la musique de Gevende : sur la base d'un morceau typiquement gitan, les percussions sont venus tout droit d'Amérique du sud tandis que les arrangements sont typiques du folk turc. La suite de l'album emprunte une voie un peu différente, en phase avec un certain rock progressif façon Franck Zappa ou The Mars Volta.

Un premier CD en forme de témoignage de leur voyage, Gevende offre une vision décompléxée des musiques traditionelles en y injectant des univers poutant éloignés comme le jazz ou le rock. La richesse de cette oeuvre impose une limite à cette chronique... celle de la conclure et de se remettre "Ev" dans les cages à miels...

http://www.myspace.com/gevende

28/02/2008

Mapping on / Replikas (performance)



A l’instar de Reveries Falls on All (projet de Barkin Engin et de Burak Tamer), Replikas se laisse aller à des expérimentations. Enfermé dans leur laboratoire, habillé en chimistes, ils triturent la matière sonore selon des formules quasi mathématiques. Malheureusement, je n’en sais pas plus sur cette performance, presque pas d’informations sur le net. Restons dans cette expectative et dégustons les mp3 et la vidéo disponible sur leur site.


http://www.replikas.com/mp3/mappingon/mappingon.swf


16/02/2008

Kafabindunya / Kafabindunya



Mini chronique pour un mini EP trouvé en téléchargement libre sur la toile. Et pourtant, rien de quelconque au groupe dont je vais vous parler. Allons y, encore un groupe excellent enfanté par la ville à cheval sur deux continents, encore un trésor caché au pays des derviches !!!

Kafabindunya, vous connaissez ?

On verse ici dans un post-rock assez traditionnel fait de mélodies croisées, enchevêtrées et d’explosions saturées. Mogwaï et Mono sont des influences revendiquées par le groupe. A l’instar de leurs parents spirituels, leurs morceaux sont comme des orages, ils commencent toujours dans la lenteur et la retenue pour se conclure dans un déluge sonore. Les guitares se font hypnotiques, des mélodies introductives qui laissent la place au désespoir. La batterie, implacable et tribale, emmène les compositions au bord du précipice. Il n’y a pas d’alternatives avec Kafabindunya, le voyage sera sans retour !!!

L’intérêt de leur musique réside aussi dans la projection de créations visuelles en live. Ils ne veulent pas être présenté comme un énième groupe de post rock, mais plutôt comme un projet artistique instable et protéiforme.

Le concept sous jacents des morceaux ne doit pas être expliqué, selon eux. L’auditeur doit laisser son imagination tisser une histoire, avec pour seuls points d’accroche, le titre et la musique. “There was nothing else to do”, “Happy ending” et “Thousands of apologies” ne laissent pas de doutes, leur musique est désespérée, une bande son pour un film catastrophe. Sachez que dans le post-rock, l’optimisme n’est pas de mise. Kafabindunya semble sincère dans sa démarche, une musique introspective mais toujours emprunte d’un certain réalisme. Ce groupe maîtrise parfaitement les ficelles de ce genre musical, une façon de jouer comme si sa vie en dépendait. Hurler à la face du monde son existence, lui jouer sa dernière cartouche.
Le chant du cygne !!!
Inutile de dire qu’un groupe de cet acabit jouirait en Europe d’une notoriété beaucoup plus importante. On attend avec impatience un véritable premier album. D’ici là, vous pouvez télécharger la démo, à cette adresse.

http://www.myspace.com/kafabindunya

04/02/2008

Dandadadan / Sen Bana Birini Android (Fono Müzik)




Nous allons parler d'une époque que les moins de 20 ans ne doivent pas connaître. Dans les années 70, des groupes comme King Crimson ou Genesis ont cherché à créer une musique libre et sans contrainte, se détachant peu à peu des carcans du rock, on a appelé ce genre le rock progressif. Aujourd'hui, ce mouvement qui ne s'était jamais tari connaît un regain d'intérêt, son salut est venu de la fusion des styles.
Dandadadan a bien saisi les codes, et nous propose une mixture de free jazz, de kitsch, de rock et d'expérimentations diverses.
Ce quatuor est composé d'un clavier, d'un bassiste, d'un batteur mais surtout d'un saxophoniste hors norme, qui n'est pas sans rappeler John Zorn pour l'excentricité de son jeu.

Les deux premiers morceaux questionneront à coup sûr l'auditeur. C'est quoi cette pop de minettes? Un saxophone qui pleure et un synthé qui se perd dans des fioritures débordantes de bon sentiment. En tous les cas, c'est une bonne stratégie car la suite de l'album apparaît tout de suite beaucoup moins fade. Ce qui prouve qu'on a rien sans rien!!
"Hayalatler" permet tout de suite de situer l'autre influence majeure de Dandadadan, explosion punk et onomatopées, je veux bien sûr parler du célébre Mike Patton.
Arrive sans crier gare le tube de l'album, "Kutbu Kuzey" ou le mélange improbable d'Enrique Iglesias et d'Iron Butterfly.
Après ce surprenant morceau, le groupe trouve un autre groove, et tisse des ambiances dignes de "Lost Highway" de David Lynch, à la fois posés et sombres.
Le saxophoniste-chanteur s'impose comme le pilier de ce combo, le huitième morceau "Kara araba" lui permet de s'exprimer à sa juste valeur. J'ose à peine imaginer les claques qu'ils doit distribuer en live, tant l'inventivité dont il fait preuve sur la suite de l'album est éloquente.

Pour définir Dandadadan, il faut imaginer "Le Cri" de munch dans un cadre rose bonbon ou une oeuvre de Roy Lichtenstein accroché au dessus d'une chaire d'église...
Carrément génial ou simple faute de goût. A vous de choisir!!!

Entrez Mesdames et Monsieurs, n'ayez pas peur!!!
Le cirque Dandadadan est fier et heureux de vous accueillir dans son chapiteau.
Vous allez découvrir dans quelques instants un univers loufoque et inquiétant, installez-vous bien au fond de votre chaise, le spectacle va commencer!!!

http://www.myspace.com/dandadadan

28/01/2008

Baba Zula / Tabutta Rövaşata (RH Pozitif - 2006)



Baba Zula prouve une fois de plus, son statut de groupe insaisissable. Le travail fourni sur cette bande originale est tout simplement stupéfiant. Quoi de mieux pour fêter ses 10 ans que de revisiter le film "Tobutta Rövasata" (commercault in a coffin) du réalisateur turc Dervis Zaim.

Malheureusement, je n'ai pas vu ce film. Ce qui m'empêche de lier la musique à l'image et d'en tirer une quelconque interprétation.

Le groupe reprend du service et nous invite à remonter dans sa barque. Le voyage sera long, et sans certitudes quant à la destination finale. L'équipage du raffiot est silencieux, le regard perdu dans l'immensité de l'océan. Trés loin des émanations humaines, ils sont partis à la recherche de l'impalpable, du divin et du sacré.

Baba Zula s'est débarrassé des expérimentations électroniques et de leur dub si spécifique, pour retrouver le son des origines. Tobutta Rövasata est composé comme un raga indien. Des percussions hypnotiques qui se consument dans des mélodies répétitives. Au fur et à mesure de l'écoute, le saz se fait plus tortueux, ces arabesques se détachent de tout formalisme et touche parfois du doigt la perfection. L'étrange poésie qui se dégage de ce disque nous invite à l'introspection et au recueillement.

On n'écoute pas "Tabutta Rövaşata" comme n'importe quels autres albums de Baba. Même si l'assimilation se révele assez simple, il demande une écoute attentive et solenelle.
Je suis troublé, car Baba Zula ne m'a jamais paru aussi sensible et "religieux" qu'ici pour cette B-O. A contrario des autres albums, il n'est point question ici de musique psychédélique ou de dub. Au carrefour de la musique turque, de la musique indienne et du drone, la bande originale de ce film prouve une fois de plus, l'inventivité et la maîtrise de BABA ZULA.

http://www.myspace.com/babazula
http://www.blogger.com/www.babazula.com



15/01/2008

Bedroomdrunk / Raw (2007)





Une guerre secrète quasi souterraine est en marche dans le monde des musiques amplifiées. Qu'on soit clair, la terre tourne toujours autour du soleil, les marchés boursiers entassent sans cesse des milliards de dollars, les glaciers fondent à vue d'oeil et les hommes ne se préoccupent toujours pas de leurs prochains. Non, ce n'est pas ça...
Au plein coeur de la Turquie, à Ankara plus précisément, un groupe atypique explore un sombre chemin. Son nom : Bedroomdrunk!!!
Encore un blaze pas piqué des hannetons. Peut-être une incitation à la consommation de raki avant d'aller rejoindre Morphée, voila un nom que l'on n'oublie pas au moins.

Le groupe a sorti son premier album "This is what happened" en 2003 et tourné de façon intensive.
Après des soucis de personnel", Bedroomdrunk nous sort "Raw" en 2007.
Le premier morceau "her against me" résonne à la façon du "Teen Age Riot" de Sonic youth sur l'album Daydream Nation. Un leurre trouble, inquiétant à la manière d'un cheval de Troie dont on ne mesure pas tous les dangers.
Au fur et à mesure, s'installent des barricades de distorsion, gangrenés de sons parasites. La tension s'installe, la guerre a commencé...

Impossible d'éviter la comparaison avec les vétérans du rock indépendant: Sonic Youth. Leur fusion du punk, de la pop et de la noise, demeure encore aujourd'hui une base fertile pour des tas de groupes.
Mais Bedroomdrunk n'est plus un enfant!!!
Le groupe a su développer une personnalité propre au travers de ces compositions, à la fois sombre et naïve. La bande son d'un adolescent face à ses crises existentielles, basculant entre l'envie de vivre ou d'en finir.
Un groupe à surveiller de très prés (c'est qu'il pourrait faire une connerie!!!)
Leur album est en libre téléchargement à cette adresse

http://www.myspace.com/bedroomdrunk

14/01/2008

Duman / Konser (NR1 müsik-2003)





Vous en conviendrez, découvrir un groupe par le biais d'un live peut s'avérer totalement inutile sur l'appréciation intrinsèque de sa musique. Et oui, pas mal de paramètres rentrent en compte : la qualité de l'enregistrement, l'engouement ou non du public et bien sur la fraîcheur du groupe (n'ont-ils pas trop abusé de l'adage : sex, drogue & rock'n'roll!!!).
Je tiens à vous rassurer, Duman passe sans problème cet examen, même si on peut mettre le doigt ci et là sur quelques erreurs.

Figure du rock alternatif dans le sillon de Nirvana, Duman, doit, je pense représenter une rupture générationnelle dans son pays. "Si on trouve que ça joue trop fort, c'est qu'on est trop vieux!!!" (dixit Antoines de Caunes dans NPA pour présenter Nirvana)
Et moi qui pensais avoir affaire à un simple groupe de rock!!! A entendre les refrains repris en choeur (surtout par les filles), on situe très vite la popularité de Duman.
Clairement, les gars ont l'air d'être rodé à l'exercice du live, jonglant entre des moments intimes à la limite du recueillement et des explosions totalement punk. Ecoutez-donc pour vous en convaincre, le morceau "Istanbul" : cocktail de rage juvénile et de conscience politique prêt à vous exploser à la gueule.
Je vous jure, c'est énervant de chroniquer un groupe de rock turc en général car impossible à rentrer dans des cases prédéfinies.
Pour obtenir un bon Duman : il te faudra une bonne dose de rage punk (imbibée d'Efes). Ensuite, tu y incorpores une cuillère à café d'influence rock psychédélique turc. Erkin Koray ou Mogollar, à toi de choisir!!
Et pour finir, offre un cd de Jimi Hendrix au gratteux, une flasque de whisky au batteur, et l'intégrale d'orhan Gencebay au chanteur
Après quelques années de macération, si les dieux du rock'n'roll sont avec toi, tu devrais obtenir un groupe atypique comme Duman. Facile, non!
Comme dit en préambule, l'album n'est pas parfait : le chant n'est pas d'un justesse irréprochable, la batterie souffre de certains décrochages et la basse est sous mixée. Mais qui a dit que le rock'n'roll devait être immaculé, sans aspérité? Laissons ça à d'autres!!!
Duman, c'est du rock décomplexé qui pioche ses influences là où bon lui semble. Le Jazz, le psychédélique, le post-rock, le traditionnel, le punk : rien ne semble leur faire peur.
Et vous?

http://www.myspace.com/dumanabk

07/01/2008

Istanbul Blues Kumpanyasi / Sair Zamanlar (Doublemoon - 1999)




Encore une preuve que la musique traverse les frontières, et qu'elle n'hésite pas à faire des milliers de kilomètres.
Imaginez le chemin que celle-ci a du parcourir. En direct des immenses plaines du grand ouest américain jusqu'aux rivages verdoyants de l'Anatolie, laissez-moi vous présenter : Istanbul Blues Kumpanyasi.
Ce groupe formé en 1993 joue un mélange impressionnant de styles allant du blues, de la country vers l'improvisation et le folk sans renier leur héritage musical traditionnel.
Il existe bien des cow-boys en Turquie!!!
A l'écoute de "Sair Zamanlar", on est tout de suite subjugué par la fusion des genres qui sans être indécente est tout de même assez troublante. On redécouvre les thèmes propres à la musique américaine sous les sonorités du saz, des congas et bien sur de la langue turque.
Biskotin ouvre le bal, et tout le monde est invité à communier et à danser sur ce blues polymorphe. On y est, l'ambiance s'installe, la foule siffle, hurle des "yihaa" en envoyant les chapeaux en l'air.
Changement d'ambiance, Istanbul Blues Kumpanyasi s'installe au coin du feu et nous interprète Kurbağalı Bodrum. La fête prend, à ce moment une tout autre couleur. Les délicieuses sonorités de l'harmonica se mêlent dans les arabesques du guitariste.
Comme dans n'importe quel bal, il serait impensable de ne pas jouer quelques classiques.
C'est chose faite avec le fameux "On the road again", morceau country interprété par des célébrités comme Canned Heat et surtout Willie Nelson. Ils ont réussi à s'approprier avec talent ce hit et à lui insuffler une ambiance quasi psychédélique.

Si vous avez apprécié "Farewell Shalabiye" du groupe No Blues, et que vous vous prosterné devant le groupe américain Secret Chief, jetez-vous sur cet album.
Istanbul Blues Kumpanyasi a su rapprocher deux cultures opposées, ils ont prouvés au monde que le blues est un langage universel, un prisme doré au travers duquel la musique traditionnelle trouve son écrin.

http://www.myspace.com/sairzamanlar

02/01/2008

Reverie Falls On All / Clouds in our room (2006)




S'il subsistait un doute sur l'intérêt de Replikas pour la noise ou l'expérimentation sonore, voici avec cet album, la preuve indéniable de leur engagement et de leur talent. Composé par deux membres du groupe : Barkin Engin et Burak Tamer, Reveries Falls On All est un groupe a part entière. Formé en 2003, RFOA sculpte le son et lui révele sa part onirique.

Lors d'un voyage en 2006 à Istanbul, j'ai eu la chance de les voir au Galata Perform, et je ne suis pas ressorti indemne de cette expérience. Les musiciens passent de leurs guitares à leurs pc sans jamais lever les yeux vers le public venu en masse ce soir là. Deux autistes concentrés à la fabrication d'une texture sonore faite d'erreurs digitales et de bruits ambiants. RFOA m'avait bluffé surtout par le ressenti qui a suivi la soirée, un rêve fugace, l'impression d'avoir participé à un grand test d'hypnose, une perte totale de mes repères et le besoin organique de renouveler cette expérience.
Leur musique est imperceptible, onirique...et si on devait la comparer, on pourrait parler d'un musicien comme Christian Fennesz tant l'approche qu'il a des sons et de la musicalité est très proche de RFOA. Au carrefour de différents styles, leurs ancêtres s'appellent Brian Eno et Sonic Youth.

Bien au chaud dans son canapé, tout doucement votre rythme cardiaque baisse, vos paupières se ferment sans effort et vous traversez la frontière entre le monde réel et le monde du rêve. Ne cherchez pas à lutter, on passe 10% de notre vie à dormir!!!
Reverie Falls On All nous permet de toucher du doigt un monde onirique, tout en gardant les yeux ouverts. Une thérapie par le bruit!!!

A noter que leur album est en téléchargement légal sur leur site
et qu'un album nommé "IMC EP" devrait être disponible dans pas longtemps

http://www.myspace.com/reveriefallsonall