24/12/2007

Crossing The Bridge / Fatih Akin (MK2 - 2005)



Hé Doc, mets du carburant dans la Deloréan, on va faire un tour dans le passé. On part en 2005 pendant les bandes annonces d'un blockbuster américain, qui si je me souviens bien parlait d'un ogre vert et d'un âne débile avec la voix d'Eddie Murphy, m'enfin rien de très important.!!!
Arrive une bande-annonce qui me confortera dans ce que je pensais de la musique turque et qui me fera découvrir bon nombre d'artistes : "Crossing The Bridge".
On doit ce film à Fatih Akin, réalisateur allemand d'origine turc qui avait aussi produit le magnifique et très troublant "Head-On".
Dans ce film, on est accompagné d'Alexander Hacke, bassiste d'Einstürzende Neubauten. Il nous emmène dans la foisonnante scène d'Istanbul. Il côtoie aussi bien les figures historiques de la musique turque comme Sezen Aksu, Erkin Koray ou Orhan Gencebay, mais aussi la féroce nouvelle scène.., et quelle scène !!!.
Ce reportage musical nous emmène à la rencontre du rappeur le plus rapide de la corne d'or : Ceza, pour ensuite assister à la débauche d'énergie de Duman ou de Replikas et enfin s'assoupir dans un hammam désaffecté au son de la douce voix d'Aynur dogan...
Une musique qui comme sa situation géographique est au croisement de l'orient et de l'occident, un brassage d'influences incroyables qui donne une musique riche, originale et sincère.
C'est avec l'entité mystique nommé Baba Zula que notre voyage se termine ou commence....


Inutile de s'étendre plus, je vous invite à découvrir ce magnifique ovni et à traverser le pont avec ces quelques liens...
Interview de Fatih Akin (Allociné)

19/12/2007

Mercan Dede / sufi dreams (Golden Horn - 1997)




Il était une fois dans la ville d'Istanbul, en 1997, un jeune joueur de Ney. Le Ney était une longue flûte en roseau dont les notes étaient aussi douces qu'une soierie byzantine. Ce jeune musicien avait pour nom, Arkin Allen, mais tout le monde l'appelait Mercan Dede. Ca désigne en turc, un haut dignitaire soufi.
Il avait une drôle d'allure, imaginez donc un jeune homme au crâne rasé, le visage émacié décoré de multiples piercings et un tatouage autour du cou.
Ce jeune mystique proposait à qui voulait le suivre, un mélange enivrant de soufisme et de musique électronique. Il suffisait d'une écoute pour succomber à la transe!!!
Emerveillé par la flute persane ou par la mélopée de sa consoeur spirituelle Brenna Mac Crimmon, l'auditeur perdait peu à peu ses repères, plus rien n'avait d'importance à ses yeux.
Hypnotisé par les percussions du bendir ou des tablas, son seul souhait était de retourner dans son cocon et de rêver. Ainsi, sa conscience se promenait dans un monde onirique fait de soufis, de gitans et de musiciens merveilleux.
Mercan Dede ne proposait pas de dogme, son message était universel, une porte vers la méditation.
Comme la brume s'évapore pour laisser la place au soleil, la musique doucement s'échappe!!!
Hagard, l'auditeur sort de son mutisme et se réveille au monde qui l'entoure tel un nouveau né, le regard inquiet.
Remis de ses émotions, il cherche du regard, le jeune homme aux contours filiformes. Dans la brume du matin, déjà disparaît le joueur de flûte...A bientôt Mercan!

Aujourd'hui encore, une douce mélodie partage les rêves de ceux qui ont croisés sa route.

http://www.myspace.com/mercandede
www.mercandede.com

17/12/2007

Aynur Dogan / Keçe Kurdan (Kalan - 2005)



Attention, première mise en garde, personne ne sera tenu responsable de la décharge émotionnelle produite par cet album. Deuxième mise en garde, cet album peut se révéler hautement addictif, veillez à ne pas dépasser la dose préscrite.
L'émotion m'étreint devant une des plus belle voix de la musique Turque!!! Découvert grace au film de Fatih Akin "crossing the bridge", l'artiste kurde avait fait trembler les vitraux d'un hammam avec une interprétation sombre et délicate d' "ahmedo", morceau qui ouvre l'album chroniqué ici..
Keçe Kurdan représente une offensive musicale, une arme d'émotion massive prompte à faire exploser le coeur de son auditoire.
Artiste populaire et reconnue en Turquie, son album fut tout de même interdit à la vente pendant quelques temps en 2005.
Passez la déflagration du premier morceau, on se remet peu à peu de ce merveilleux choc, et on découvre qu'Aynur est accompagnée par des musiciens, et pas n'importe lesquels. Je n'en citerai qu'un : Siwan Perwer, autre artiste kurde de renom qui vient jouer du saz. L'instrumentation de Keçe Kurdan est bouleversante, l'alchimie des percussions et du saz offre un précieux écrin à la voix d'Aynur.
Il serait inconvenant de limiter ce joyau à du folklore, ou à de la simple musique traditionnelle. Fort de son héritage culturel et musical, Aynur n'en n'est pas moins une femme qui vit avec son temps. Le mariage sur certains morceaux de l'électro et de la musique traditionnelle fait de cette artiste quelqu'un de résolument moderne.
Difficile de ne pas penser à des groupes comme Dead Can Dance, ou Recoil à l'écoute d'un morceau comme "Heseniko". Mais qu'attend la presse musicale pour chroniquer un aussi bel ouvrage? Moi je n'ai toujours pas la réponse, et vous?

Ma seule frustration est d'ordre linguistique, j'aimerai comprendre les paroles, qui je suis sûr apporte un éclairage différent à cet album.

http://www.myspace.com/aynurdogansupport
http://www.blogger.com/aynurdogan.net

14/12/2007

Beyond Istanbul: Underground Grooves of Turkey - Compiled by Ipek Ipekçioglu




Gling...gling, mais que fout 50 cent dans cette compilation ? L'intro du morceau, en tous cas m'y fait penser méchamment. Le beat laisse la place, maintenant à une mélodie ce qu'il y a de plus traditionnel. On me dit à l'oreillette que c'est l'oeuvre d'un duo français "Pascal Werner & Stéphane Horeau". Pas grand chose à dire, les petits frenchies ne se sont pas foulés: une boucle électro et un sample de musique folklorique...Bof!
Remercions cette compil' de nous présenter Şivan Perwer, un artiste kurde dont j'apprécie énormément la musique. D'emblée sa voix grave et les arabesques envoûtantes des joueurs de saz nous transportent.
Passons très vite sur Cay Taylan et Baba Cay qui ne proposent pas grand chose de nouveau et ne nous attardons pas sur le R'n'B orientalisé de Nil Karaibrahimgil.
J'ai bien aimé aussi dZihan & Kamien qui ont compris que dans l'électro, rien ne se perd, tout se transforme et j'ai complétement craqué pour la collaboration du Brooklyn Funk Essential et de Laço Tayfa qui revisite le Ska.
Dans ce grand brassage trans-musical, la compilation "Beyond Istanbul" touche du doigt le divin avec la collaboration du multi instrumentiste Burhan Öçal et de Trakya All Stars. Rayez la mention inutile : electro-rom ou down tempo tzigane.
Sans mercantilisme, on n'oublie pas les valeurs sures de la Scène Stambouliote avec l'homme qui toaste plus vite que son ombre : Ceza, les obscures chamanes Baba Zula ou bien les rockers Replikas, qu'on ne présente plus...

Tous ces morceaux ont été compilés par Ipel Ipekçioglu, une dj turque qui bosse dans une boite de nuit berlinoise. Son postulat de départ est de proposer une musique métissée à une population diverse. Dans l'ensemble, le choix des morceaux est assez judicieux, pas tout le temps original. Malgré ça, plusieurs fautes de goût sont disséminées dans la galette.
Enfin je ne suis pas convaincu par le mix, parfois inexistant, souvent convenu et de toute façon relativement inutile.

13/12/2007

Replikas / Avaz (Doublemoon - 2005)




Pas la peine de tourner autour du pot, l'artwork d'Avaz et le nom du producteur inscrit au dos du digipack nous laisse présager du meilleur quand à cette galette!!
Voici, selon moi, l'un des meilleurs albums sortis en 2005, même si je l'ai découvert malheureusement l'année suivante lors d'un voyage à Istanbul.
Quel choc de retrouver sur le même CD, le mariage parfait (et non arrangé) du rock occidental et le feeling si particulier de la musique turque. A l'image d'Istanbul, la ville dont ils sont originaires, leur musique est un croisement de l'orient et de l'occident (il suffit de traverser le pont).
Venons-en au fait, "Avaz" a été enregistré en 2005 et produit par Wharton Tiers. Grand monsieur du rock alternatif à qui l'on doit le son de groupes comme Dinosaur Jr., An Albatross, Glen Branca ou bien l'incontournable album "Goo" de Sonic Youth. L'album commence avec le tube radio du groupe "gece kadar", et même si je trouve ce morceau un peu en deça, le son te mets déja au tapis. Tranquillement mais sûrement, Replikas avance ses pions, la révolution rock est ouverte. Ces gars là ont bouffé du Sonic Youth au petit dej, du Erkin Koray au déjeuner et ont bu un grand bol de musique traditionnelle avant d'aller se coucher. Comprendre l'alchimie des compositions de Replikas demande à l'auditeur un certain éclectisme. Comme le prouve le projet noise-ambiant "Reveries Falls On All" de 2 membres du groupe, l'improvisation et le bidouillage font partis indéniablement de la recette.
Et voila que commence "Beden Yuksek"...chouette on va pouvoir parler de Krautrock, le fameux psychédélisme allemand a nagé et s'est échoué sur les rives du Bosphore, Replikas a bien retenu la recette. Ne restant jamais dans un même schéma et préférant la difficulté au schéma couplet/refrain. Je finirais juste en parlant du 7eme morceau "Omun Sayaci", moment orgasmique de l'album où la distorsion grasse et le violoncelle se fondent dans une puissante explosion de mélancolie.
Encore une fois, comme bien souvent dans ce vil monde de la musique, il est dommage qu'un groupe de cette trempe, capable de rivaliser avec les pointures du rock alternatif actuel ne jouisse pas d'une médiatisation à la hauteur de son talent.

http://www.myspace.com/replikastr
http://www.blogger.com/replikas.com

12/12/2007

Baba Zula / Duble Oryantal (Doublemoon - 2005)




C'est avec une certaine appréhension que je vous livre ici ma première chronique. Commençons par présenter le groupe qui m'a mis le pied à l'étrier de l'insondable et mystérieuse musique turque.
Voici donc le fameux groupe Baba Zula qui officie depuis 1996, entité stambouliote par excellence de par son enracinement traditionnel et sa vindicative modernité.
Pour cet album qui date de 2005 paru sur le trés bon label Doublemoon, l'équipage mystique a fait monter à son bord des mousses de renom!!On retrouve Brenna MacCrimmon, chanteuse turco-canadienne, mais aussi Alexander Hacke d'Einsturzende Neubauten qui vient tenir la basse sur pas mal de morceaux. On peut noter aussi l'apparition des fameux Sly & Robbie. Enfin pour en finir avec la présentation de l'équipage de ce bateau ivre, n'oublions pas cet homme qui a déja fait pas mal de voyages avec Baba : Mad Professor, à qui on doit le mix et la prod. du skeud.
Insérer le disque "Duble Oryantal" dans sa platine, c'est ouvrir la boîte de Pandore.Du reggae ? mouai...., du rock ? ouchhh mais pourquoi pas, de la musique traditionnelle ? OK, mais non..., de l'électro ? oui vite fait...., de l'oriental dub ? si c'est eux qui le disent, restons là dessus... Baba Zula ne se pose aucune limite, préférant le mélange des genres à l'approche trop souvent mercantile de la World Music.
L'album commence et déjà on entend au large les infra basses des mammifères marins. C'est sur une rythmique dub que l'album commence, accompagné par l'instrument essentiel du groupe : le Saz. On découvre alors une mélodie qui ne nous quittera plus tout au long de l'album...elle imprègne la plupart des morceaux suivants comme l'odeur du patchouli dans une communauté de babos au Larzac.
Au fur et à mesure, la darbouka se fait de plus en plus insistante en développant un jeu hypnotique et lancinant. Arrive le 6eme morceau, et Baba salue et rend hommage à ses confrères spirituels jamaïcains. La mer se démonte, l'équipage se réfugie dans les calles du bateau et s'enivre jusqu' au bout de la nuit.......
Le bateau est ivre, bon vent à toi ....BABA

27/09/2007

UNDERGROUND TURKEY

bienvenue chez le nikal : UNDERGROUND TURKEY : ouverture du blog