28/01/2008

Baba Zula / Tabutta Rövaşata (RH Pozitif - 2006)



Baba Zula prouve une fois de plus, son statut de groupe insaisissable. Le travail fourni sur cette bande originale est tout simplement stupéfiant. Quoi de mieux pour fêter ses 10 ans que de revisiter le film "Tobutta Rövasata" (commercault in a coffin) du réalisateur turc Dervis Zaim.

Malheureusement, je n'ai pas vu ce film. Ce qui m'empêche de lier la musique à l'image et d'en tirer une quelconque interprétation.

Le groupe reprend du service et nous invite à remonter dans sa barque. Le voyage sera long, et sans certitudes quant à la destination finale. L'équipage du raffiot est silencieux, le regard perdu dans l'immensité de l'océan. Trés loin des émanations humaines, ils sont partis à la recherche de l'impalpable, du divin et du sacré.

Baba Zula s'est débarrassé des expérimentations électroniques et de leur dub si spécifique, pour retrouver le son des origines. Tobutta Rövasata est composé comme un raga indien. Des percussions hypnotiques qui se consument dans des mélodies répétitives. Au fur et à mesure de l'écoute, le saz se fait plus tortueux, ces arabesques se détachent de tout formalisme et touche parfois du doigt la perfection. L'étrange poésie qui se dégage de ce disque nous invite à l'introspection et au recueillement.

On n'écoute pas "Tabutta Rövaşata" comme n'importe quels autres albums de Baba. Même si l'assimilation se révele assez simple, il demande une écoute attentive et solenelle.
Je suis troublé, car Baba Zula ne m'a jamais paru aussi sensible et "religieux" qu'ici pour cette B-O. A contrario des autres albums, il n'est point question ici de musique psychédélique ou de dub. Au carrefour de la musique turque, de la musique indienne et du drone, la bande originale de ce film prouve une fois de plus, l'inventivité et la maîtrise de BABA ZULA.

http://www.myspace.com/babazula
http://www.blogger.com/www.babazula.com



15/01/2008

Bedroomdrunk / Raw (2007)





Une guerre secrète quasi souterraine est en marche dans le monde des musiques amplifiées. Qu'on soit clair, la terre tourne toujours autour du soleil, les marchés boursiers entassent sans cesse des milliards de dollars, les glaciers fondent à vue d'oeil et les hommes ne se préoccupent toujours pas de leurs prochains. Non, ce n'est pas ça...
Au plein coeur de la Turquie, à Ankara plus précisément, un groupe atypique explore un sombre chemin. Son nom : Bedroomdrunk!!!
Encore un blaze pas piqué des hannetons. Peut-être une incitation à la consommation de raki avant d'aller rejoindre Morphée, voila un nom que l'on n'oublie pas au moins.

Le groupe a sorti son premier album "This is what happened" en 2003 et tourné de façon intensive.
Après des soucis de personnel", Bedroomdrunk nous sort "Raw" en 2007.
Le premier morceau "her against me" résonne à la façon du "Teen Age Riot" de Sonic youth sur l'album Daydream Nation. Un leurre trouble, inquiétant à la manière d'un cheval de Troie dont on ne mesure pas tous les dangers.
Au fur et à mesure, s'installent des barricades de distorsion, gangrenés de sons parasites. La tension s'installe, la guerre a commencé...

Impossible d'éviter la comparaison avec les vétérans du rock indépendant: Sonic Youth. Leur fusion du punk, de la pop et de la noise, demeure encore aujourd'hui une base fertile pour des tas de groupes.
Mais Bedroomdrunk n'est plus un enfant!!!
Le groupe a su développer une personnalité propre au travers de ces compositions, à la fois sombre et naïve. La bande son d'un adolescent face à ses crises existentielles, basculant entre l'envie de vivre ou d'en finir.
Un groupe à surveiller de très prés (c'est qu'il pourrait faire une connerie!!!)
Leur album est en libre téléchargement à cette adresse

http://www.myspace.com/bedroomdrunk

14/01/2008

Duman / Konser (NR1 müsik-2003)





Vous en conviendrez, découvrir un groupe par le biais d'un live peut s'avérer totalement inutile sur l'appréciation intrinsèque de sa musique. Et oui, pas mal de paramètres rentrent en compte : la qualité de l'enregistrement, l'engouement ou non du public et bien sur la fraîcheur du groupe (n'ont-ils pas trop abusé de l'adage : sex, drogue & rock'n'roll!!!).
Je tiens à vous rassurer, Duman passe sans problème cet examen, même si on peut mettre le doigt ci et là sur quelques erreurs.

Figure du rock alternatif dans le sillon de Nirvana, Duman, doit, je pense représenter une rupture générationnelle dans son pays. "Si on trouve que ça joue trop fort, c'est qu'on est trop vieux!!!" (dixit Antoines de Caunes dans NPA pour présenter Nirvana)
Et moi qui pensais avoir affaire à un simple groupe de rock!!! A entendre les refrains repris en choeur (surtout par les filles), on situe très vite la popularité de Duman.
Clairement, les gars ont l'air d'être rodé à l'exercice du live, jonglant entre des moments intimes à la limite du recueillement et des explosions totalement punk. Ecoutez-donc pour vous en convaincre, le morceau "Istanbul" : cocktail de rage juvénile et de conscience politique prêt à vous exploser à la gueule.
Je vous jure, c'est énervant de chroniquer un groupe de rock turc en général car impossible à rentrer dans des cases prédéfinies.
Pour obtenir un bon Duman : il te faudra une bonne dose de rage punk (imbibée d'Efes). Ensuite, tu y incorpores une cuillère à café d'influence rock psychédélique turc. Erkin Koray ou Mogollar, à toi de choisir!!
Et pour finir, offre un cd de Jimi Hendrix au gratteux, une flasque de whisky au batteur, et l'intégrale d'orhan Gencebay au chanteur
Après quelques années de macération, si les dieux du rock'n'roll sont avec toi, tu devrais obtenir un groupe atypique comme Duman. Facile, non!
Comme dit en préambule, l'album n'est pas parfait : le chant n'est pas d'un justesse irréprochable, la batterie souffre de certains décrochages et la basse est sous mixée. Mais qui a dit que le rock'n'roll devait être immaculé, sans aspérité? Laissons ça à d'autres!!!
Duman, c'est du rock décomplexé qui pioche ses influences là où bon lui semble. Le Jazz, le psychédélique, le post-rock, le traditionnel, le punk : rien ne semble leur faire peur.
Et vous?

http://www.myspace.com/dumanabk

07/01/2008

Istanbul Blues Kumpanyasi / Sair Zamanlar (Doublemoon - 1999)




Encore une preuve que la musique traverse les frontières, et qu'elle n'hésite pas à faire des milliers de kilomètres.
Imaginez le chemin que celle-ci a du parcourir. En direct des immenses plaines du grand ouest américain jusqu'aux rivages verdoyants de l'Anatolie, laissez-moi vous présenter : Istanbul Blues Kumpanyasi.
Ce groupe formé en 1993 joue un mélange impressionnant de styles allant du blues, de la country vers l'improvisation et le folk sans renier leur héritage musical traditionnel.
Il existe bien des cow-boys en Turquie!!!
A l'écoute de "Sair Zamanlar", on est tout de suite subjugué par la fusion des genres qui sans être indécente est tout de même assez troublante. On redécouvre les thèmes propres à la musique américaine sous les sonorités du saz, des congas et bien sur de la langue turque.
Biskotin ouvre le bal, et tout le monde est invité à communier et à danser sur ce blues polymorphe. On y est, l'ambiance s'installe, la foule siffle, hurle des "yihaa" en envoyant les chapeaux en l'air.
Changement d'ambiance, Istanbul Blues Kumpanyasi s'installe au coin du feu et nous interprète Kurbağalı Bodrum. La fête prend, à ce moment une tout autre couleur. Les délicieuses sonorités de l'harmonica se mêlent dans les arabesques du guitariste.
Comme dans n'importe quel bal, il serait impensable de ne pas jouer quelques classiques.
C'est chose faite avec le fameux "On the road again", morceau country interprété par des célébrités comme Canned Heat et surtout Willie Nelson. Ils ont réussi à s'approprier avec talent ce hit et à lui insuffler une ambiance quasi psychédélique.

Si vous avez apprécié "Farewell Shalabiye" du groupe No Blues, et que vous vous prosterné devant le groupe américain Secret Chief, jetez-vous sur cet album.
Istanbul Blues Kumpanyasi a su rapprocher deux cultures opposées, ils ont prouvés au monde que le blues est un langage universel, un prisme doré au travers duquel la musique traditionnelle trouve son écrin.

http://www.myspace.com/sairzamanlar

02/01/2008

Reverie Falls On All / Clouds in our room (2006)




S'il subsistait un doute sur l'intérêt de Replikas pour la noise ou l'expérimentation sonore, voici avec cet album, la preuve indéniable de leur engagement et de leur talent. Composé par deux membres du groupe : Barkin Engin et Burak Tamer, Reveries Falls On All est un groupe a part entière. Formé en 2003, RFOA sculpte le son et lui révele sa part onirique.

Lors d'un voyage en 2006 à Istanbul, j'ai eu la chance de les voir au Galata Perform, et je ne suis pas ressorti indemne de cette expérience. Les musiciens passent de leurs guitares à leurs pc sans jamais lever les yeux vers le public venu en masse ce soir là. Deux autistes concentrés à la fabrication d'une texture sonore faite d'erreurs digitales et de bruits ambiants. RFOA m'avait bluffé surtout par le ressenti qui a suivi la soirée, un rêve fugace, l'impression d'avoir participé à un grand test d'hypnose, une perte totale de mes repères et le besoin organique de renouveler cette expérience.
Leur musique est imperceptible, onirique...et si on devait la comparer, on pourrait parler d'un musicien comme Christian Fennesz tant l'approche qu'il a des sons et de la musicalité est très proche de RFOA. Au carrefour de différents styles, leurs ancêtres s'appellent Brian Eno et Sonic Youth.

Bien au chaud dans son canapé, tout doucement votre rythme cardiaque baisse, vos paupières se ferment sans effort et vous traversez la frontière entre le monde réel et le monde du rêve. Ne cherchez pas à lutter, on passe 10% de notre vie à dormir!!!
Reverie Falls On All nous permet de toucher du doigt un monde onirique, tout en gardant les yeux ouverts. Une thérapie par le bruit!!!

A noter que leur album est en téléchargement légal sur leur site
et qu'un album nommé "IMC EP" devrait être disponible dans pas longtemps

http://www.myspace.com/reveriefallsonall