22/02/2010

Replikas - Zerre

























Un bon album ne se dévoile pas facilement, il n'est pas de ceux qui acceptent au premier soir. Avant d’éprouver son corps libidineux sur le satin rose de nos oreilles, le grand album minaude et fait durer le plaisir. Sera le bon celui qui aura la patience et l’engagement nécessaire pour déceler toute sa beauté intérieure.

Avec Replikas ce n’est plus une simple idylle que j’entretiens, on se pratique depuis quasi 6 ans, je commence à le connaître vous savez. Et puis voilà qu’un soir, « Zerre » sonne à ma porte et honte à moi j’ai eu du mal à reconnaître le nouveau né du groupe.


Une dizaine d’écoutes plus tard, ma première impression de linéarité envolée, j’admire scié le travail fait sur la production. Replikas est étonnant, la précision des riffs et l’aura esthétique des morceaux confère à l’album ce parfum d’album de la maturité.

Ici le groupe s’est passé de l’aide de l'ancien producteur Wharthon Tiers pour peaufiner ce nouvel album. Ils se sont enfermés dans une île de la mer Egée : Gokceada pour l’enregistrer, le mastering quant à lui fut à la charge de Kim Rosen (Radio 4, Franz Ferdinand, Animal Collective…) à New-York.


Saluons s'il vous plaît encore une fois le bel ouvrage, nos six prisonniers n'ont pas opté pour la solution de facilité. Fini le rock tubesque de "Avaz", "Zerre" a été travaillé d'un bloc, la pureté de ces lignes mélodiques tranche sérieusement avec l'exubérance d'autrefois, le travail studio est remarquable : un régal pour les archéologues du bruit comme moi!!!

Rappelant le travail d'orfèvre d'artistes comme Porcupine Tree, Editors ou même Sonic Youth, Replikas élimine un à un les apparats du rock, le chant par exemple ici se fait plus subtil, le sempiternelle couplet/refrain a quasi disparu. Seul rescapé du style d'antan, "bugun Varim Yarin Yokum" fait de la résistance avec son groove pop-rock britannique...


Au sein de Reverie Falls On All, Barkin Engin et Burak Tamer bâtissent des cathédrales sonores et libèrent toute la sauvagerie bruitiste dont ils sont capables. Ce projet noise a laissé des traces sur cet album, la rigueur harmonique de la production est bouleversée par d'inquiétants sons parasites ("Dulcinea").

Dire que j'ai failli passer à coté de cette beauté cachée, il serait peut-être temps que je décrasse les cages à miels, comment n'ai-je pu déceler la richesse d'un morceau comme "Gulmedigin Gunler".

Disons que ce genre d'album se consomme comme du bon vin, au début on le trouve fade mais si on le laisse décanter suffisamment, la surprise est de taille.