12/09/2008

Baba Zula / Roots (kokler) - Doublemoon Records (2007)



Baba Zula, ou l’art de faire toujours le même album. J’avoue avoir boudé « Roots » à sa sortie avec la désagréable impression d’avoir fait le tour de ce groupe ô combien magique. Ne sachant quoi écouter en cette après midi pluvieuse de septembre, je décide de lui donner une seconde chance. La formule n’a certes pas changé, mais j’ai le déclic.

Sans surprise donc, sauf que Baba signe là son album le plus intimiste. La configuration même du groupe s’en ressent, on s’est recentré sur la matrice : Murat, Levent et Coçar.

Fini les listes interminables de featuring !!!

En fait si, il reste une habituée des lieux : la chanteuse Brenna Mac Crimmon (l’amie de la famille) ainsi qu’un ingé son japonais Naoyuki Uchida qui s’est occupé d’eux sur la tournée asiatique.

En préambule, j’annonçais que Baba Zula sortait toujours le même album. C’est heureusement ou malheureusement, le piège quand on a inventé et initié un style aussi inimitable (regarde Motorhead !!!). Rappelons qu’en 1994, Zen (Baba Zula, ancienne mouture) succombait déjà sans retenue à l’appel du psychédélisme oriental, initié par Erkin Koray.

Aucune envie de vous décrire l’album « tracks by tracks », primo parce qu’il y a 29 morceaux et deuxio car je préfère vous inviter à lire mes chroniques précédentes. On retrouve sur Roots, tout ce qui nous avait plut auparavant : que ce soit les envolées lysergiques du saz ou les percus hypnotiques. Leur univers est toujours aussi bariolé (peut-être pas autant que la pochette), cependant la production de l’album mise d’avantage sur une intimité cotonneuse que sur l’exubérance d’autrefois. Baba Zula est retourné à ses premiers amours : l’improvisation. Comme à la vielle époque du Zen, le groupe se lâche. Oui mais voilà ils sont plus tout jeunes, et c’est pas facile de tenir des morceaux de 10 minutes avec de l’arthrose aux mains, les morceaux sont donc assez courts.

Beau retour pour nos papys préférés, Roots restera un album qui marque par sa simplicité et sa sincérité.

Idéal pour découvrir le groupe.

www.myspace.com/babazula




Erkin Koray / Elektronik Türküler (Damla - 1974)



Bienvenue aujourd'hui au cœur d'un évènement qui a bouleversé la Turquie, un tremblement de terre, que dis-je un ras de marée dans le paysage musical Turc. Depuis tout temps, des allumés du ciboulot viennent perturber l'ordre établi en affirmant par exemple que la terre est ronde ou que les hommes sont libres et égaux (ouai c'est dingue, hein!!!).

La musique serait-elle juste un passe temps, un média pour nous vider le cerveau après une harassante journée de boulot? Et bien non, pour certains : prendre sa guitare et chanter est un acte politique et culturel fort. On est bien loin des merdes servies par Univers sale et consorts...

Erkin Koray a posé la pierre fondatrice de la musique moderne turque. Sa musique, ses textes mais aussi son look se sont confrontés aux dogmes d'une société peu encline à ce genre de débordements. A l'époque, dans son pays, il fallait des « cojones » pour jouer de la musique de bab'

En effet le papy du rock psychédélique n'a pas à rougir de sa carrière. 35 ans après, avec plus d'une quinzaine d'albums sortis, Erkin n'a pas déchaussé ses santiags (comme Dick Rivers, non je déconne). Pour preuve, un concert vu à Istanbul, il y a deux ans...où des gens de tout âge s'étaient rassemblés pour applaudir l'apôtre du rock turc.

Elektronik türküler est le disque à posséder d'Erkin Koray. Et dire que j'ai failli passer à coté, car je sais pas si vous avez écouté les compiles du bonhomme, mais c'est Babylone!!! Le pire côtoie le meilleur. (Priez pour qu'il ne lâche pas le saz pour jouer du synthé en gros)

L'album commence avec une ballade dans la plus pure tradition anatolienne puis mute en épopée psyché à grand renfort de saz et de Moog. Une sonnerie de téléphone vient perturber l'écoute au deuxième morceau. Pourquoi? Pas de réponse, mais une magnifique attente téléphonique si vous voulez savoir!!! Après ce blues hypnotique, Erkin dérape dans la guimauve avec un troisième morceau en deça du reste de l'album. Et c'est reparti pour biberonner de l'acide dans les sombres ruelles d'Istanbul avec «Yalnizlar rihtimi», un tube radiophonique fortement influencé par les Beatles. La mélancolie gagne peu à peu l'album, la voix d'Erkin résonne avec nonchalance sur des mélodies de plus en plus sombres. Avant de clore l'album avec son meilleur morceau, Erkin rend hommage au dieu de la 6 cordes : Jimi Hendrix avec un un intermède («Inat») ébouriffant.

«Turku», retenez bien ce nom, il justifie à lui seul l'achat de cet opus. Il y a du religieux dans ce morceau, une émotion qu'on ne sait expliquer. Ça fait quinze fois que j'appuie sur Repeat, mais je n'y peut rien c'est tellement bon...

Laissons Erkin clore cette chronique par ces mots « I will not leave music until music leaves me »

http://www.myspace.com/erkinbaba