26/06/2008

Head on / Fatih Akin



Gegen die Wand (Head on)

Réalisé par Fatih Akin en 2004



Distribution :

Sibel Kekilli : Sibel

Birol Ünel : Cahit

Catrin Striebeck : Maren

Guven Kirac : Seref




A force de parler de musique, j’en oublierais même de vous raconter mes émois cinématographiques. J’ai déjà parlé de Mr Fatih Akin, ce réalisateur d’origine turc vivant à Berlin. Crossing the bridge avait révélé au monde la magie du rock anatolien et avait déclenché chez votre hôte une excitation musicale indécente. Après une journée de boulot exténuante en mode cuisson à l’étouffée, me voila parti à emprunter un DVD uniquement pour sa couverture. Et ouai, une jeune mariée au bras d’un mec hirsute avec une gueule de rocker alcoolo, moi ça me parle !!!

Résumé :

La jeune Sibel habite en Allemagne à Hambourg, elle vit une existence morne sans saveur, cadenassée par le poids des traditions. Pour fuir le carcan familial et échapper au pouvoir destructeur de ses frères, elle feint une tentative de suicide. Alors en convalescence, elle se rend vite compte qu’au contraire sa situation a empiré, cet acte personnel est vécu comme un déshonneur pour sa famille. Pour gagner sa liberté, Sibel propose un marché risqué à un homme rencontré à l’hôpital : un mariage blanc. En lutte contre ses démons (alcool, drogues, délinquance), Cahit accepte à contrecœur cette union, par pitié peut-être. La jeune femme alors émancipée entend profiter de sa liberté, c'est-à-dire expérimenter des interdits comme avoir différents partenaires sexuels, se droguer et boire.



Avis :

Fatih Akin est un réalisateur germano-turc, Head On est son troisième film, mais le premier à être diffusé en France. Head-on, dixit le réalisateur est un film d’amour, voilà une conception du genre singulière.

Certaines personnes ne devraient jamais se rencontrer, l’amour et la frustration rongent les individus et fomentent des tragédies. Car inévitablement le mariage commence à s’effriter, on assiste alors à la lente descente aux enfers pour Sibel, avec en arrière plan la ville d’Istanbul, comme on l’a jamais vu : sombre, malade et impitoyable. Fatih Akin n’hésite pas à filmer des scènes d’une violence explicite, l’image illustre avec réalisme les destins cassés des deux protagonistes.


Le jeu d’acteur est époustouflant, Birol Ünel colle totalement au rôle de marginal déglingué, faut dire il a la tronche de l’emploi. La grosse surprise vient de Sibel Kekilli (ancienne actrice porno), il est surprenant de voir qu’elle a tout simplement été repérée par Fatih Akin dans un centre commercial de Cologne. Pour son premier vrai rôle, elle interprète avec justesse et sensibilité le personnage du film, ce qui lui vaudra le Lola (oscar teuton) de la meilleure actrice en 2004.

Comme chaque fois avec Fatih Akin, la bande son est exceptionnelle. D’un coté les eighties avec Birthday Party, Depeche Mode ou Sisters of Mercy et de l'autre coté le bon son made in Turkey : Selim Sesler, Sultana ou Orientation.

Head On met en image le choc culturel germano-turc, la détresse d’une partie de sa jeunesse. Ce film coup de poing laisse des traces, à voir absolument !